Article 353 du code pénal, Tanguy Viel, Editions de Minuit, 2017.
Tanguy Viel né à Brest en 1973 a notamment écrit Paris-Brest(2009), La disparition de Jim Sullivan (2013), La fille qu’on appelle (2021).
Article 353 du code pénal est un très bon livre, un vrai moment de littérature tant par la construction, le style, l’ancrage du récit.
Les premières pages nous livrent avec froideur et brutalité un coupable, Kermeur, arrêté à son domicile sans aucune résistance pour avoir poussé à l’eau son acolyte de pêcheAntoine Lazenec dont il a ramené au ponton comme si de rien n’était le bateau. Puis le roman déroule la narration d’ une longue scène, l’audition dans le bureau du juge de Kermeur.Ce huis clos raconte par la voix de Kermeur, une histoire des années mitterrandiennes, des années 1980-90, avec un ancrage géographique unique, une presqu’île finistérienne de la rade de Brest, un ancrage social dans le monde ouvrier de gauche, victime de la casse économique, ici celle de la vague de licenciements opérés par l’arsenal de Brest.
Kermeur a déjà accumulé beaucoup de malchances : un incident sur la grande roue, un ticket de loto gagnant mais non validé, un divorce, un licenciement, un fils Erwann tombé dans la délinquance. Lorsque la commune met en vente le château, un flambeur nommé Lazenec séduit par son projet immobilier tant Martial Le Goff le maire que ses administrés, « des Indiens effarés et naïfs ». Kermeur logé dans la maison de garde du château tombe sous son emprise et lâchera ses 400 000 francs d’indemnité de licenciement pour investir. Mais Lazenec est un escroc. Quand le juge lui demande à plusieurs reprises : « Kermeur, qu’est-ce qui vous a pris ? », Kermeur analyse avec beaucoup de clairvoyance pourquoi il est tombé dans le piège. Dans un cadre où sa parole est prise en compte, nous sommes face à un personnage pétri d’humanité. La honte tient une place importante dans le récit, d’un côté nous suivons Lazenec qui n’a honte de rien, de l’autre nous découvrons Kermeur, le vulnérable, entravé par la honte d’avoir investi alors qu’il est socialiste, sur qui la fatalité s’acharne…
Fanny Celsiana
Tanguy Viel né à Brest en 1973 a notamment écrit Paris-Brest(2009), La disparition de Jim Sullivan (2013), La fille qu’on appelle (2021).
Article 353 du code pénal est un très bon livre, un vrai moment de littérature tant par la construction, le style, l’ancrage du récit.
Les premières pages nous livrent avec froideur et brutalité un coupable, Kermeur, arrêté à son domicile sans aucune résistance pour avoir poussé à l’eau son acolyte de pêcheAntoine Lazenec dont il a ramené au ponton comme si de rien n’était le bateau. Puis le roman déroule la narration d’ une longue scène, l’audition dans le bureau du juge de Kermeur.Ce huis clos raconte par la voix de Kermeur, une histoire des années mitterrandiennes, des années 1980-90, avec un ancrage géographique unique, une presqu’île finistérienne de la rade de Brest, un ancrage social dans le monde ouvrier de gauche, victime de la casse économique, ici celle de la vague de licenciements opérés par l’arsenal de Brest.
Kermeur a déjà accumulé beaucoup de malchances : un incident sur la grande roue, un ticket de loto gagnant mais non validé, un divorce, un licenciement, un fils Erwann tombé dans la délinquance. Lorsque la commune met en vente le château, un flambeur nommé Lazenec séduit par son projet immobilier tant Martial Le Goff le maire que ses administrés, « des Indiens effarés et naïfs ». Kermeur logé dans la maison de garde du château tombe sous son emprise et lâchera ses 400 000 francs d’indemnité de licenciement pour investir. Mais Lazenec est un escroc. Quand le juge lui demande à plusieurs reprises : « Kermeur, qu’est-ce qui vous a pris ? », Kermeur analyse avec beaucoup de clairvoyance pourquoi il est tombé dans le piège. Dans un cadre où sa parole est prise en compte, nous sommes face à un personnage pétri d’humanité. La honte tient une place importante dans le récit, d’un côté nous suivons Lazenec qui n’a honte de rien, de l’autre nous découvrons Kermeur, le vulnérable, entravé par la honte d’avoir investi alors qu’il est socialiste, sur qui la fatalité s’acharne…
Fanny Celsiana