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DIEMDAO
Au vin des rues
Les années avaient filé, les îles proches où il aimait passer le dimanche avaient été englouties. Marc avait élu domicile depuis longtemps à Helsinki tempérée et maritime. De ses grandes baies, Il regardait les variations de lumières du golfe de Finlande qui lui était si familier, il le traversait souvent pour rejoindre des amis pétersbourgeois. L’été, il se tournait de plus en plus vers le nord frais et vert pour de longues promenades à vélo solaire le long des lacs. Il avait mené des projets dans les nouveaux villages où des populations accouraient vers des terres jusque-là inexploitées. Marc aimait ces contrées où les feuillus prenaient peu à peu la place des conifères austères. Il aimait l’été indien si bref, si coloré. Le monde changeait se répétait -il. Il devenait plus sage.
En 2050 exactement, sans nouvelles de ses relations de jeunesse depuis longtemps, il reçut un message qui le bouscula. Ce fut une violence. Tout dans la missive lui semblait énigmatique : « La saison bat son plein, je t’attends. Il y a maintenant une navette qui relie Helsinki à Paris,profites-en .Ton vieil ami Charles M. » Une réapparition. Marc avait trouvé une quiétude en Finlande , une vie apaisée bien ordonnée, débarrassée d’ambiguÏtés, robotisée mais bien verte, mais n’était-ce pas trop calme justement ? Pourquoi ne tenterait-il pas une dernière aventure même si jusque- là l’envie de la France ne s’était pas manifestée? Le trouble l’envahissait; Il revoyait des images, les souvenirs défilaient. Charles et lui avaient l’habitude dans leur jeunesse de se retrouver Au Vin des rues. Charles avait fait médecine, lui architecture. Quand ils habitaient place de la Mairie, ils étaient des fidèles du lieu situé à quelques pas. L’on y trinquait debout, assis, c’était un bistrot à l'âme entretenue par un patron bourru, l’on y refaisait le monde, librement. Marc aimait les desserts du cru, il se rappelait même que c’était sa crème brûlée préférée du quartier, pour le pain perdu, il allait au Zango .Cela eut une fin ,fin de la bouquinerie, fin du Vin Des Rues , que de souvenirs ensevelis !Fallait-il déterrer tout cela, toute cette mémoire , toute cette vie d’avant en prenant une navette? Marc se rappela avoir eu la surprise de voir l’été qui précéda son départ vers Helsinki , 2019 ou 2020 , un chantier démarrer , des commerces étaient prévus en rez-de-chaussée . Les paris étaient lancés, d’aucuns avaient cru entendre qu’une crêperie ouvrirait, d’autres parlaient d’optique ;il n’en était pas convaincu, le quartier était très bien doté déjà. Il manquait peut-être un audioprothésiste , une boutique de vêtements pour enfants, les conversations allaient bon train tant les habitants étaient attachés à ce Petit Montrouge.
Le désir de voir, de revoir Paris le submergea ;Il allait partir. Il menait à Helsinki des actions de solidarité auprès des personnes très âgées, son remplacement serait facile. Charles l’attendait à la plate forme de Montsouris ;il avait conservé sa sveltesse d’antan et un regard acéré. Marc était très ému, il craignait de vaciller, pourtant il avait voulu ce retour, avait-il trop tardé ? Il se sentait étranger dans cet univers qui lui avait été si familier, avait-il perdu sa souplesse d’esprit ? Charles serait un guide patient. Il n’avait guère changé d’adresse. La rue Mouton Duvernet était expérimentale lui expliqua Charles, il s’agissait d’en faire une rue agricole et déjà la métamorphose était bien engagée, plantations au centre, espaces de rencontres des piétons sur les côtés, les appartements étaient dotés de terrasses ou grands balcons dévolus à la culture. Charles ajouta que c’était la pleine période des vendanges, il avait envie de partager ce moment avec son ami. Marc était abasourdi par tant de changements.
Il eut la surprise de retrouver l’enseigne Le Vin des Rues, mais ce n’était plus un bistrot, c’était lacoopérative du Petit Montrouge. Il y avait des vignobles à l’emplacement des cours pavées, les murs étaient végétalisés, sur le plus petit balcon, l’on avait son ceps. Les vendanges avaient lieu en juillet et l’on se pressait porter son raisin au Vin des Rues, le quartier produisait son blanc, son rouge et son jus, l’on avait fait venir des pieds de vigne de Californie et d’Australie. Les rues étaient encombrées de deux roues, traînant souvent des carrioles où s'accumulaient grappes, courses et enfant. L’on était en permanence dans des embouteillages semblables aux images de cinéma de la Belle Epoque. Seuls ceux qui avaient une maison à la campagne possédaient une voiture , électrique. Marc avait toujours su s’adapter, il avait même appris le finnois et le russe, mais toutes ces transformations de la ville de son enfance et de sa jeunesse l’ébranlaient. Une grande part de son passé n’était plus. Mais il ferait face. Les Parisiens travaillaient-ils ? Il se posait vraiment la question tant tous ces travaux agricoles que lui, maintenant presque septuagénaire, jugeait inutiles, devaient prendre du temps aux habitants. Dormaient-ils ? Des discussions avec eux, il ressortait qu’ils aimaient leur métropole et partaient peu en vacances, ils n’avaient plus cette soif d’exotisme qui avait toujours poussé Marc à la découverte de l’ailleurs.IL s’étonna de voir que la rentrée scolaire était reportée en octobre, sans doute fallait-il attendre des températures clémentes. Pas de robots dans la coopérative ; le quartier avait préservé un charme campagnard. Il envisageait de séjourner une année à Paris, il opterait pour l’appartement communautaire et cosmopolite de la rue Boulard. Florence les invitait à dîner, Marc fut bouleversé par cette perspective. Allait-il se lancer dans un récit de voyage ? IL se sentait comme le narrateur des Lettres persannes. Il complimenta Florence pour l’excellence de ses plats végétariens, nul n’ouvrit les portes du passé tant les convives s’engluaient dans l’évocation du Petit Montrouge qui était devenu leur monde .
Marc ne s'attarderait pas à Paris mais il voulait revoir le Louvre avant de reprendre la navette.Lesantiquités égyptiennes surtout ! Pourquoi ne ferait-il pas une dernière descente du Nil avant de repartir à Helsinki ?
Françoise J. juin 2019



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