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DIEMDAO
Une journée de tous les temps

Il aimait être debout tôt, apprécier le calme absolu, voir le lever du jour. Le massif forestier assaillait le ciel gris de ses jaunes et roux flamboyants .Peu à peu des percées d’un bleu timide aux contours flous se dessinèrent , l’on pouvait espérer une belle journée d’automne ; ce temps de chasse le transporta aussitôt vers la vallée et il sentit son impatience monter. Il n’avait plus de temps à perdre. La carabine se dressait contre la porte , l’épagneul comprit que ce serait une journée d’embrasement , il attendait l’ouverture du coffre, la Dacia gronda et s’élança .L’épagneul jappait de plus en plus comme à chaque fois que son maître perdait ainsi du temps, s’arrêtait au carrefour, descendait de la voiture , s’engouffrait dans le café pour prendre son tabac. Fidèle s’apaisa au redémarrage de la DACIA.
Martin avait travaillé dur dans un grand groupe. Trois huit, accélération des cadences, de longues années harassantes. Il avait gravi les échelons , ses horaires devinrent plus confortables.
Il emprunta la voie romaine, boueuse. Marie, encore endormie à son départ apprécierait de pouvoir flâner. Pour ses 40 ans elle l'avait accompagné en Sologne, c’était un pont de 15 août, se rappelait-il, la route fut éprouvante. Au bout, le paradis des chasseurs : bois, tourbières, landes de bruyères , étangs mais beaucoup de chasses privées. La solitude, le silence. Il avait eu le sentiment de se trouver face à l’éternité. Petit et gros gibier foisonnaient dans ces immenses étendues. Que d'espèces sur les étangs! aigrettes, colverts, oies cendrées, poules d'eau au bec rouge. Des nuages d’éphémères bruissaient alors à profusion.
Braconnier à ses heures, il avait le sang en feu dès qu’il entendait des coups de chevrotines. Marie lui répétait:« Oui , tu es habité par le démon de la chasse » .A l’âge où d’autres s'essayaient à leurs premières cigarettes, il accompagnait les hommes aux battues. Bruissements des taillis, empreintes, tanières, appâts, tout lui était familier.
La vallée était glaciale, une brume épaisse enveloppait les coteaux. Seul le bruit de la rivière habitait le silence. Les sens en éveil, Martin suivit son chien à la trace, longea d'un pas rapide le cours d'eau, fouina dans les sous-bois humides à la recherche d’une bécasse. Le temps filait, point de mordorée, le chasseur était exténué. Plus jeune, il aimait patienter pendant des heures, à l’affût , derrière un vieux tronc , proche d'une zone de traces.Leséclaircies fugitives avaient pris fin, les feuilles se mirent à voltiger, le temps changeait, la pluie tomba avec fracas, les carabines tiraient, des plombs se perdaient, les chasseurs voulaient profiter du désarroi du gibier surpris par la violence de l’’averse. Soudain, Martin entendit un piétinement de branches, Fidèle se mit à japper, il aperçut une laie suivie de deux marcassins.Labretelle de cuir fauve sur l'épaule , il était à la bonne distance pour presser la détente de sa gâchette mais il ne tira pas . Devenait-il la proie de la vieillesse?Fidèle s'agitait de plus en plus.Pas de mâle, avait-il été tué?Le gibier fuyait la zone de combat,la battue était en branle, les sangliers faisaient des ravages dans les campagnes.Ça canardait de tous les côtés. La forêt était meurtrie ,elle résonnait de brâmes , d'aboiements , des grognements de sangliers. Midi sonna d’un tintement joyeux au vieux clocher du village. Martin sortit de son carnassier un casse- croûte. Les bécasses des bois avaient fui face au tintamarre de coups de feu. Martin imaginait des corps à corps hommes-sangliers.
Il lui fallait s'extirper de ce fatras, attendre que le crépitement des coups de feu s'éloigne ou se taise ;il gravit le coteau escarpé où foisonnaient les fougères rouillées , les ronciers, les chênes pour rejoindre le plateau, puis il longea la ligne de crête , l’épagneuldéçu flairait, prêt à bondir. Le crachin avait pris son tour, des gouttes grasses collantes enveloppaient ça et là des habitations de pierre délaissées depuis longtemps.il lui fallait gagner du temps.Ildécida de franchir une grille et pénétra dans une immense cour carrée, aussitôt il se sentit minuscule , cet ensemble massif, de granit et grès l’écrasait. Il l’aperçut postée dans son potager , plantée, grande, solide comme un roc , c’était donc là qu’elle vivait. Lucile dont les sorties étaient rares était comme un personnage légendaire, Martin se souvenait de son frère François-René qui faisait ses courses au village. Un livre d’histoire s’ouvrit devant lui. Lucile lui montra les ruines de la chapelle du 14èmesiècle, le vaste logis d’habitation à un étage d’époque renaissance, d’imposantes dépendances du 17éme siècle fermaient la cour Un peu à l’écart, le pigeonnier ;il se souvint avoir lu , peut-être dans le Chasseur français, les privilèges accordés à ceux qui en détenaient. Les temps avaient bien changé. Une conversation très sérieuse autour d’un café agrémenté de palmiers lui permit de découvrir une femme de mémoire, solide dans ses convictions ;une Marie-Thérèse ?Peut-être. Une personne à la porte toujours ouverte, esseulée dans un immense domaine, attachée au souvenir de ses anciens maîtres , les M. , surtout les M-M à qui ses parents devaient des journées de charroi .Lucile avait une certaine noblesse. Etait-ce son éducation ou la ferme-manoir qui l’avait façonnée ? Elle savait recevoir, elle avait les armoires pleines. Sur un ton grave elle dit:
-Je sens que je vais bientôt partir.
Ces propos dérangèrent Martin. Lucile, certes nonagénaire, lui semblait si forte.
-Vous êtes très vaillante, je vous ai vue bêcher avec énergie répliqua-t-il d'un ton enjoué.
Elle insista :
-Le temps est venu, je le sens.
Comment pouvait-elle être si sereine ? Elle évoqua pêle-mêle ses souvenirs d’école primaire marqués par l’arrivée des réfugiés espagnols dans les classes, ses grands-parents laborieux, la réussite de ses petits-neveux.
Ils pénétrèrent dans un vaste salon- salle à manger où trônait un mobilier acquis des décennies durant par les aïeux de Lucile lors de ventes dans des châteaux. Des napperons de dentelle recouvraient les sièges, des piles de linge étaient entassées sur les tables. Cette pièce n’avait pas bougé depuis des lustres, comme si le temps s'était arrêté. Lucile l'avait voulu ainsi. Martin en était impressionné.
Lucile sortit du vaisselier des archives familiales bien rangées, Martin écouta l’inventaire des propriétaires, sensible à la confiance que lui faisait la maîtresse des lieux. Le manoir était passé d’une famille à l’autre en s’adaptant aux époques. Ce fut d’abord une seigneurie ,Lucile et Martin essayèrent de déchiffrer des pages des terriers .Ecrits minutieusement en lettres gothiques noires dans un français de jadis ,ils n'étaient guère compréhensibles. Puis Lucile retira avec minutie de la pile de papiers l'acte de la vente de 1790: Monsieur G. planteur de caféiers à Saint Domingue acquit le domaine vendu comme bien national , le droit de chasse réservé s’éteignit .Puis bourgeois de la petite ville voisine et nobles enrichis par le commerce maritime se succédèrent à la tête de la propriété.
A travers les siècles, la ferme-manoir avait certes perdu de sa superbe, l'on n'y pratiquait plus la vénérie, l'on n'y affichait plus de tableaux de chasse somptueux, l'on n'y recevait plus les hobereaux de la région. Mais l'ensemble demeurait imposant comme un relais de l'histoire, un rappel des temps anciens qui percutaient le présent .Martin repartit troublé mais heureux.
Le temps se mettait au beau comme souvent en fin d’après-midi.Il allait poursuivre à travers champs, buissonner avec son chien qui lèverait des perdrix ou des cailles, avec de la chance il pourrait aussi faire un oreillard, peut-être deux.
Fanny Celsiana


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