Les Enténébrés, Sarah Chiche, Seuil Sarah Siche, née en 1976, écrit des essais et des romans.Elle vient de publier Saturne ( avis en ligne sur ce site ). Elle est psychologue clinicienne et psychanalyste à Paris. Les Enténébrésparle bien des ténèbres, des zones d'ombre tant des individus que de l'Histoire. C'est un récit difficile à résumer, il n’est pas linéaire, le lecteur se perd parfois dans les personnages qui portent en eux les malheurs de plusieurs générations depuis longtemps disparues ; ces ascendants brouillent le présent, l'éclairent,comme si le livre déroulait la narration d’une cure analytique. Autobiographie ? Autofiction?Un mélange assurément où différents types de discours se côtoient. Le texte trouble le lecteur parce qu’il parle souvent avec violence, de l’intime, de l’humain, de l’universel. Le livre aborde les thèmes de la filiation et de l’hérédité, de la folie et de la psychiatrie, des formes de la passion amoureuse à travers le point de vue de la narratrice.Sarah , psychologue, compagne de Paul,raconte sa vie et ses origines tumultueuses dans le livre où les turbulences de l'Histoire et du présent sont omniprésentes. Peut-être ce passage du récit est-il fondamental pour la compréhension de l'oeuvre de Sarah Chiche : « Qu’un deuil nous frappe dans l’enfance et le sentiment de la continuité d’exister n’ira plus de soi. »Le roman commence par l’évocation des grands incendies de l’été 2010 en Russie, les récoltes de céréales sont détruites, le prix du pain flambe, des Etats s'embrasent. En 2015, alors qu’elle se trouve à la gare de Vienne pour faire un reportage sur la situation dramatique des réfugiés,Sarah est abordée par Richard, bien plus âgé qu’elle, musicien de talent,qui deviendra son amant.La ville de Vienne, dépeinte comme un laboratoire du nazisme, est l' un des cadres du récit . L'auteure nous livre les pièces d'un puzzle : portraits du grand-père, ancien déporté, de la grand-mère folle, d'un père disparu trop tôt,d'une mère internée,qui ne faisait pas la différence entre le Bien et le Mal. Peut-être un des questionnements qui sous-tend le texte est-il celui-ci: avec tout cela, tout ce passif, comment faire pour vivre, pour être ? Fanny Celsiana