Les nuits d’été, Thomas Flahaut, Editions de l’Olivier, 2020.
Thomas Flahaut né en 1991 à Montbéliard travaille et vit à Lausanne. Il publie en 2017 son premier roman, Ostwald. En 2018, il bénéficie d’une bourse d’écriture de la Fondation Leenards.
Les nuits d’été est un roman d’apprentissage. L’auteur donne à entendre le temps d’un été les voix de trois enfants d’ouvriers, des amis d’enfance qui ont grandi dans le quartier HLM des Verrières. Medhi a arrêté l’école après le collège, quand il ne fait pas la saison, il aide son père sur les marchés, Louise entame une thèse de sociologie sur les transformations du pays de Montbéliard, son frère jumeau Thomas vient d’échouer à l’Université. Ils ont 25 ans. Medhi et Thomas, comme leurs pères avant eux, travaillent l’été, de nuit, chez Lacombe, de l’autre côté de la frontière, dans le Jura suisse. Les parents rêvaient pour leurs fils d’un avenir meilleur. Les fils rêvaient de fuir cet univers. Le roman soulève la question de l’héritage social, de la reproduction, de la servilité. Il dépeint dans un récit réaliste, très bien écrit, souvent avec poésie, la difficulté des jeunes à trouver une place dans la société, dans une errance parsemée de désillusions, d’alcool et de shit, difficulté qu’accroît la communication cahotique avec leurs parents.
Medhi et Thomas sont « opérateurs », leurs pères étaient ouvriers. Thomas Flahaut s’interroge à travers ses personnages sur l’évolution du monde ouvrier ;les mots sont importants,être « ouvrier » c’était exercer, dans un corps façonné par latâche, un métier noble qui pouvait conduire à devenir propriétaire, l’ouvrier était lié à son entreprise par un sentiment d’appartenance dont il était fier, actuellement des mots savants , des euphémismes pour des emplois sans qualification, désignent les postes tels que « opérateurs » « logistique » occupés par des intérimaires nombreux la nuit chez Lacombe, contraints de se plier à la pénibilité pour gagner de l’argent. Ce sont eux les premiers touchés par la fermeture de l’atelier C chez Lacombe.
L’auteur questionne également l’identité des transfrontaliers, ceux de la nuit, des « invisibles » pour les Suisses.
Les nuits d’été raconte une histoire délicate et poignante, qui dit la naissance d’un amour pur dans un univers de désillusions. Un beau livre à dévorer.
Fanny Celsiana
Thomas Flahaut né en 1991 à Montbéliard travaille et vit à Lausanne. Il publie en 2017 son premier roman, Ostwald. En 2018, il bénéficie d’une bourse d’écriture de la Fondation Leenards.
Les nuits d’été est un roman d’apprentissage. L’auteur donne à entendre le temps d’un été les voix de trois enfants d’ouvriers, des amis d’enfance qui ont grandi dans le quartier HLM des Verrières. Medhi a arrêté l’école après le collège, quand il ne fait pas la saison, il aide son père sur les marchés, Louise entame une thèse de sociologie sur les transformations du pays de Montbéliard, son frère jumeau Thomas vient d’échouer à l’Université. Ils ont 25 ans. Medhi et Thomas, comme leurs pères avant eux, travaillent l’été, de nuit, chez Lacombe, de l’autre côté de la frontière, dans le Jura suisse. Les parents rêvaient pour leurs fils d’un avenir meilleur. Les fils rêvaient de fuir cet univers. Le roman soulève la question de l’héritage social, de la reproduction, de la servilité. Il dépeint dans un récit réaliste, très bien écrit, souvent avec poésie, la difficulté des jeunes à trouver une place dans la société, dans une errance parsemée de désillusions, d’alcool et de shit, difficulté qu’accroît la communication cahotique avec leurs parents.
Medhi et Thomas sont « opérateurs », leurs pères étaient ouvriers. Thomas Flahaut s’interroge à travers ses personnages sur l’évolution du monde ouvrier ;les mots sont importants,être « ouvrier » c’était exercer, dans un corps façonné par latâche, un métier noble qui pouvait conduire à devenir propriétaire, l’ouvrier était lié à son entreprise par un sentiment d’appartenance dont il était fier, actuellement des mots savants , des euphémismes pour des emplois sans qualification, désignent les postes tels que « opérateurs » « logistique » occupés par des intérimaires nombreux la nuit chez Lacombe, contraints de se plier à la pénibilité pour gagner de l’argent. Ce sont eux les premiers touchés par la fermeture de l’atelier C chez Lacombe.
L’auteur questionne également l’identité des transfrontaliers, ceux de la nuit, des « invisibles » pour les Suisses.
Les nuits d’été raconte une histoire délicate et poignante, qui dit la naissance d’un amour pur dans un univers de désillusions. Un beau livre à dévorer.
Fanny Celsiana