Paris 12 février 2021
Chère Tự Tập
Quoique le jour de l’An de notre pays ne coïncide pas avec le nouvel An du pays où l’on vit, nous Vietnamiens à l’étranger, quelle que soit notre situation, nous ne pouvons pas oublier ce jour. La date du jour de l’An est variable, mais les Vietnamiens s’arrangent toujours pour au moins préparer un repas qui réunit famille ou amis autourdes plats traditionnels de notre pays.
J’ai quitté mon pays depuis bien longtemps, cetteannée pour le Nouvel An vietnamien je me suisretrouvée toute seule à cause du Covid. Je ne sais pas depuis quand notre petit groupe d’amies se réunit,nous nous sommes rencontrées par hasard, les amies de mon amie deviennent mes amies et celacontinue… (Extrait d’un texte – Un petit grouped’amies - de lệ Dung).C’est un petit groupe maisnous essayons de nous revoir souvent.Si l’on fait l’historique de cette Amitié , notre relation remonte àplus de vingt ans, avec certaines la relation est plus ancienne.
Ce petit groupe de huit personnes comme Dung l’adit, a une longue histoire. Tous les ans, nous nousréunissons pour partager un repas s’il y a uneoccasion mais sinon, j’ai créé un rituel de retrouvailles du jour de l’An à une date qui convientà toutes pour une fête du Tet bien organisée et joyeuse.
Les plats varient d’année en année, nous sommes de“bonnes ménagères” et avons en réserve de bons plats exceptionnels et souvent de nouveaux plats. Mais il y a toujours des plats traditionnels comme le porc au caramel et aux oeufs ( Thịt kho), soja à la vinaigrette, bánh Chưng (gâteau de riz gluant farci de viande et de haricots) Bánh tét (gâteau de riz gluanten forme allongée farci de viande et de haricots ) soupe Khổ qua ( la soupe de courgette amère farcie de viande, vermicelle, champignons noirs)… Nous avons aussi les Chả giò, bánh đúc (flan de riz), salade, choux farcis, la gelée de viande ( Thịt Đông), Giò Thủ (la ballottine de tête de porc)… A la fin de ce repas, nous entonnons souvent une chansonintitulée Đón Xuân (Accueillons le Printemps) écriteet composée par le musicien et compositeur PhạmĐình Chương ou quelquefois dans une bonneambiance, les chanteuses improvisées déclament deschansons populaires vietnamiennes.A ce moment-là, la pièce plonge dans un silence, on n’entend que les belles voix, chacune se libère dans les paroles deschansons, se souvient des souvenirs de sa jeunesse.
Cette année, l’épidémie de COVID 19 est apparue enFrance, le 24 janvier 2020, le gouvernement françaisconfirmait qu’il y avait trois personnes atteintes du Covid à leur retour de Wuhan, une grande villedécouverte à l’occasion de cette épidémie endécembre 2019, le premier décès le 8 février 2020 concernait un patient de 80 ans, puis l’épidémie s’estpropagée et sur le territoire français il y avait 160.000 personnes touchées par ce Virus.
Devant la propagation du virus, le gouvernement aordonné un ‘confinement” du 17 mars à 12h jusqu’au11 mai 2020 (1 mois 25 jours). Tout le monde devaitimprimer l’attestation de sortie pour faire les courses, pour une promenade de1h par jour maximum àenviron 1 km de chez soi. Cet imprimé étaitnécessaire pour aller chez le médecin ou à l’hôpital… On portait le masque pour les sorties. Dans unpremier temps, tout le monde devait fabriquer les masques. Un 2ème confinement était appliqué du 31 Octobre jusqu’au 15 décembre 2020 (1 mois 15 jours)
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Confinements_de_2020_en_France
La population s’inquiéte de savoir quand seraitappliqué le 3ème confinement. De plus,en raison du nombre de gens contaminés par ce virus et dunombre de décès en augmentation, la vie sociale estmodifiée, la famille, les amis ne peuvent pas se voir, heureusement nous avons le téléphone ou l’Internetpour donner des nouvelles.
Dans ces circonstances exceptionnelles, cette annéej’ai fêté “le nouvel an”toute seule. Un rendez-vousavait été prévu mais à la dernière minute, nous avonsannulé cette réunion car il y a eu des désistements.
Au début, je me sentais triste, et je ne voulais rienfaire de special puis je me suis dit qu’il ne fallait pas oublier une journée symbolique de notre pays, j’achetai quelques fruits, je préparai et achetaiquelques plats comme, Thịt đông (la gelée de viande), nem chua au jambon, les raviolis aux crevettes (hoành thánh), xôi vò ( le riz gluant aux haricots), bánh Chưng (le gâteau carrè au riz gluant et la farce de viande et les haricots), cet assortiment de petits plats célébrait la commémoration des êtreschers qui nous avaient quittés.
Le Printemps arrive et s’en va, chaque année s’écouletranquillement. Quand on était jeune on souhaitaitque le temps passe vite pour qu’on puisse s’envoleret vivre de façon indépendante mais maintenant avec l’accumulation des années on pense que le cheminqui nous reste est court.
La vie est imprévisible. Des événements surviennentsans cesse.Nul ne pouvait savoir qu’une épidémies’étendrait au monde entire. Qui pouvait devinerqu’elle ferait beaucoup de morts?
Les Vietnamiens à l’étranger font des efforts pour maintenir, conserver leurs coutumes mais combien de temps tout cela durera-t-il ? Après ces traditions tomberont dans l’oubli ou seront-elles considérées comme en voie de disparition et à ces titres protégés ?
Je voulais t’envoyer ces quelques lignes pour que tu connaisses mes activités et celles de mes amies, des personnes vivant à l’étranger, loin de leur pays natal mais elles s’accrochent à leur patrie à travers des rencontres, des bavardages en vietnamien, des dégustations des plats du pays qui sont une forme de lien.
A la prochaine lettre.
Co Traductrices:
Diễm Đào et Fanny Celsiana
Février 2021