• Home
  • Nhà Bếp Diễm Đào - RECETTES
  • Tranh - Peinture
  • Chuyen Ngan - Nouvelles
  • Trước Đèn Xem Sách- Lecture: Coups De Coeur
  • Thơ Văn - Poemes
  • Chuyện của Những Tác Giả Khác — Autres Auteurs
  • Góc Vườn Nhỏ - Un Coin de Jardin
  • Đàn Ca Nhạc Cổ Musique Traditionnelle
  • Hình Kỷ Niệm những Năm Học Gia Long- Les Photos a Gia Long
  • Contact
  • Lời Nhận Xét Của Đoc Giả
  • Nhạc Cổ Điển của Theodore Duong - Musique Classique composee par Theodore Duong
DIEMDAO
L’horloger
La salle se remplissait peu à peu. Nous devinions au loin la presqu’île et le petit port où j’aimais musarder. Pauline se débattait avec ses derniers crustacés. Je lui racontais ma récente découverte de la Forêt noire quand elle me dit : « Lorsque je suisallée à Triberg avec Luc, il y a des décennies, j’ai acheté une horloge à coucou à laquelle je tiens beaucoup.» Pour Pauline aussi, la Forêt noire était un très bon souvenir. Cela me ravit. Le serveur apporta le plat, le mauvais temps était dans toutes les conversations, c’était si sinistre de vivre ce vent, ce ciel gris des jours et des jours. Pauline déplora que depuis la dernière réparation le coucou était totalement en panne. « C’est comme si le temps s’était arrêté » remarqua-t-elle, fataliste. Je pensai qu’il en était un peu ainsi pour elle, son visage était sans rides alors que nous avions fêté ses quatre-vingts ans ;son esprit toujours aussi vif , elle était d’une éternelle jeunesse , pleine de fantaisie . Sa nouvelle coiffure, extravagante chez une autre personne, lui allaità merveille. Le filet de canette au pâtisson était un régal pour les yeux et les papilles. Le chef de rang nous expliqua que la volaille avait cuit pendant des heures, un paradoxe à l’époque du micro-ondes. La cuisson à basse température était dans l'ère du temps.Nous savourions. Le grondement des vagues s’éloignait.
Quel dommage de ne plus pouvoir utiliser cette pendule si symbolique, me répétais-je.
«Rendons visite à l'horloger installé près du salon de coiffure.»dis-je à Pauline d’un ton énergique. La grille franchie, nousempruntâmes l’allée gravillonnée qui menait à l’atelier.
Frank était depuis quelques années un personnage du village. L'on disait qu'il avait été informaticien, de l'exploration des ordinateurs, il était passé à la réparation du temps. C'était une reconversion comme une autre. Nous rencontrâmes un quinquagénaire à l’allure fantasque, de longs cheveux poivre et sel noués en catogan dépassaient de sa casquette. Il nous dit être débordé, les montres mécaniques de luxe très en vogue tombaienten panne. L'on se demandait qui avait les moyens dans cette campagne de s'offrir de tels accessoires, des estivants peut-être.Son atelier était un repaire de garde- temps, tous étiquetés et parfaitement rangés. Etait-il aussi collectionneur ? Frank remontale balancier d’une horloge à parquet dont la porte en merisier étaitmarquetée. Un carillon Henri II aux chiffres romains, fréquent cadeau de mariage dans les années 50, avait un système de sonnerie défaillant. Sur une étagère voisinaient pendulettes,marbre ou bronze, sabliers et chronomètres, réveils d’écoliers. On entendait le tic-tac des trotteuses, le tic-tac des pendules.
« Le temps c'est de l'argent » marmonnai-je. Pauline, elle, aimait prendre son temps, l’horloger acquiesça. Il avait rapporté de voyage un cadran solaire très ancien qu’il fixerait près de son enseigne. Frank n'aimait guère les montres à quartz .Aucunependule à coucou , il n’avait jamais accepté d’en réparer. Nous leregardions utiliser tour à tour, avec des gestes rapides et précis,loupe, microscope, burins et poinçons. De très beaux outils qu’il remettait dans sa layette. Il faisait venir les pièces de Suisse ou du Jura. Je m’attardai à une vitrine : il y avait là des montres à gousset en argent d'une grande élégance, une montre de voyage àboussole très ancienne,On sentait la passion chez cet homme , le goût du secret aussi. A notre grande surprise, il déclara accepter de faire connaissance avec l’horloge à coucou de Pauline. Nous nous précipitâmes la chercher.
A notre retour sur la place, le carillon perçait l’échafaudage duclocher. L’heure tournait ! Le coucou avait la façade d’un chalet,c’était une fabrication artisanale au mouvement mécanique, aupendule en forme de feuille d’érable, aux poids semblables à despommes de pin. Les sculptures lui donnaient un aspect kitschcertes, mais tellement en phase avec la fantaisie de Pauline. Elle expliqua à Frank que l’oiseau surgissait de la maison pour marquer les heures avec autant de coucous, elle le disait avec une grande émotion comme si elle revivait le plaisir qu’elle éprouvait à attendre la sortie de l’automate. Frank la regardait ; il repéta, pensif : « Un drôle d’oiseau ce coucou.». La réparation prendrait du temps. Une fenêtre de l’atelier donnait sur le petit pont de bois qui franchissait un ruisseau tumultueux ; quelques jonquillesfleurissaient sur les berges. Des voix enfantines parvenaient jusqu’à nous, c’était l’heure de la récréation. Un bel astrolabe en laiton que l’horloger réalisait lui-même d’après le modèle d’un catalogue était en cours de finition, les calendriers se trouvaient sur la face arrière nous expliqua Frank, nous le complimentâmes, il aimait les beaux objets, décidément. Il avait grandi sur leplateau horloger entre les vallées du Doubs et du Dessoubre.Quand nous lui demandâmes pourquoi il était venu s’installer si loin, Frank ne répondit pas. Nous étions trop curieuses et nous prîmes congé, la tête pleine.
Il y avait un peu de monde au café, des représentants, des retraités venus acheter leur tabac. Quelques villageois qui parlaient de tout et de rien étaient arrimés au solide bar en bois.
Sur la grève nous égrenâmes souvenirs et projets. Nous avionsencore tant à découvrir. Le vent soufflait, frisquet, c’était fin janvier. Pauline était très joyeuse, je la savais conservatrice, sa pendule était entre de bonnes mains, elle serait réparée.
« As-tu bien lu son enseigne ? me dit-elle d’un ton enjoué. « Il est maître horloger ». Le crépuscule n’était pas loin, la lumière rasait les falaises, seules quelques maisons blanches ressortaient dans cette ligne de hauteur assombrie. Il nous fallait rentrer.
Un samedi de mars, un coup de sonnette me tira du lit. Deux gendarmes venaient m’annoncer que mon amie Pauline gisaitdans l’atelier de Monsieur P. qui était en fuite. Elle portait des traces de strangulation. J’étais atterrée.
-Quelle relation votre amie entretenait-elle avec l’artisan ? me demanda le militaire aux cheveux blancs.
Non, ce n’était pas possible ! Je balbutiai, en sanglotant, que Pauline se rendait fréquemment à l’atelier pour suivre l’évolution de la réparation de sa pendule, cela m’avait beaucoup étonnée.L’horloger avait minutieusement signé son crime en poinçonnant le visage et les bras de sa victime. Il avait laissé un mot : « Un coucou qui ne sévira plus » L’enquête allait s’étendre en Franche Comté où deux meurtres de femmes n’avaient pas été élucidés.On avait probablement affaire à un tueur en série ; j’étais dans un état de sidération. Qu’avais-je fait !


Fanny Celsiana











Proudly powered by Weebly
  • Home
  • Nhà Bếp Diễm Đào - RECETTES
  • Tranh - Peinture
  • Chuyen Ngan - Nouvelles
  • Trước Đèn Xem Sách- Lecture: Coups De Coeur
  • Thơ Văn - Poemes
  • Chuyện của Những Tác Giả Khác — Autres Auteurs
  • Góc Vườn Nhỏ - Un Coin de Jardin
  • Đàn Ca Nhạc Cổ Musique Traditionnelle
  • Hình Kỷ Niệm những Năm Học Gia Long- Les Photos a Gia Long
  • Contact
  • Lời Nhận Xét Của Đoc Giả
  • Nhạc Cổ Điển của Theodore Duong - Musique Classique composee par Theodore Duong