Ma dévotion est un très beau livre de Julia Kerninon, un bijou tant dans le fond que dans la forme.En 300 pages, le roman déroule l'histoire de Frank et d'Helen désormais octogénaires ,du point de vue d'Helen.Ce long propos tenu durant six heures par Helen à Frank qu'elle croise tout à fait par hasard dans une rue de Londres est un exposé de leurs relations "inextricables" durant des décennies, il va du plaidoyer au réquisitoire.C'est la voix d'une femme restée dans l'ombre par "dévotion" pour que Frank devienne le grand peintre qu'il est. A ce titre , l'on peut considérer Ma dévotion comme un roman féministe.
L'auteure décortique au scalpel les relations tumultueuses d'Helen et de Frank liés par une amitié d'une force exceptionnelle , parfois amants.Helen a souffert de l'ambiguïté de ce lien , consciente de n'être ni la plus belle, ni la plus aimée, "amour mal dosé" dira-t-elle.Helen et Frank mal aimés par leurs parents respectifs ne se comportent pas à leur tour en vrais et bons parents envers Ludwig, le fils de Frank, et le drame signe la fin de leur relation.
Et le début de l'histoire?
Helen et Frank , tous deux enfants de diplomates,fontconnaissance à Rome alors qu'ils ont 12 ans.Ce qui lie alors Helen et Frank c'est la haine qu'ils éprouvent pour leurs parents.Helen part vivre à Amsterdam dans l'appartement de jeune fille de sa mère et héberge Frank.Elle considère déjà que Frank lui est redevable de cette émancipation.Ils cohabiteront 20 ans dans cet appartement.Helen travaille à fond la littérature.Après s'être longtemps laissé vivre, Frank commence à peindre, côtoie le milieu artistique, connaît le succès.Après une grosse vente, il emmène Helen en Italie pour une escapade amoureuse.Puis Frank emménage avec une galeriste,Anna,"la femme de sa vie" tout en venant travailler quotidiennement dans son atelier chez Helen...