Mon père et ma mère, Aharon Appelfed,2013, Editions de l’Olivier, 2020, pour la traduction française par Valérie Zenatti.
Aharon Appelfeld né en Bucovine en 1932 de parents juifs assimilés germanophones est déporté en 1940 ; il s’évade du camp de Transnistrie en 1942, connaît des années d’errance avant d’arriver en Palestine en 1946. Il a écrit une quarantaine de livres en hébreu, sa « langue maternelle adoptive ». Aharon Appelfeld décède en 2018 en Israël.
Peut-être la vie personnelle et littéraire de Aharon Appelfeld a-t-elle été soustendue par les propos de l’un de ses professeurs : « Le passé même le plus dur n’est pas une tare ou une honte mais une mine de vie. » Mon père et ma mère est un récit magnifique sur les dernières vacances, celles de l’été 1938, que le narrateur- auteur, Erwin, passe avec ses parents dans une isba, près d’une rivière, au pied des Carpates. Sa mère est tuée en 1940 lors d’un pogrom et son père est déporté. L’auteur veut par l’écriture retrouver le goût de ce dernier été, il magnifie ses parents, deux êtres très différents.Le père plutôt ermite et rigide, use de l’ironie, il n’aime pas ses voisins de vacances qu’il trouve vulgaires, mais c’est un mal pour un bien, entre Juifs, ils se comprennent et se supportent, en présence de non Juifs, ils seraient haïs. La mère est sensible, tolérante, généreuse. Le narrateur-auteur crée une atmosphère chaleureuse, harmonieuse, intellectuelle autour de lui, surtout lors des promenades familiales à cheval, sans doute est-ce par besoin d’idéaliser un dernier souvenir d’enfance.
Plénitude et inquiétude se mêlent tout au long du livre. Les vacances au bord du Pruth sont heureuses mais « le loup rôde », la menace se précise quand un groupe de paysans frappent les vacanciers et les insultent, un pogrom, mais l’auteur écrit que chez les Juifs il y a une résignation face à ce phénomène impossible à endiguer. L’inquiétude qui monte est aussi dans les rêves, dans les pressentiments, dans les rumeurs. Certains vacanciers disent être prêts à émigrer. Le jeune cocher qui reconduit Erwin et ses parents à la ville est particulièrement haineux et veut les dépouiller, c’est une scène prophétique. La question de l’identité juive traverse le livre.
Le personnage de Karl Koening, un écrivain, donne l’occasion à l’auteur de distiller ses points de vue sur ce qu’est l’acte d’écrire. C’est un esclavage, retenons que l’écriture c’est « l’intériorité de l’auteur, ses aspirations, ses rêves et aussi quelques-unes de ses peurs »
L’auteur peint avec beaucoup de finesse psychologique et d’empathie une galerie de personnages. Rosa Klein la diseuse de bonne aventure a beaucoup de succès, ce qui est paradoxal avec des Juifs bourgeois qui ont de manière générale des approches très concrètes. Il y a le Docteur Zieger dévoué à ses patients. Il y a la tante Yulia , qui lit la nuit dans son ermitage La montagne magique , il y a Gusta et son prince, il y a P. ,il y a Mimi qui parle de la terreur dans les rues de Vienne, il y a l’énigmatique homme à la jambe coupée…
Fanny Celsiana
Aharon Appelfeld né en Bucovine en 1932 de parents juifs assimilés germanophones est déporté en 1940 ; il s’évade du camp de Transnistrie en 1942, connaît des années d’errance avant d’arriver en Palestine en 1946. Il a écrit une quarantaine de livres en hébreu, sa « langue maternelle adoptive ». Aharon Appelfeld décède en 2018 en Israël.
Peut-être la vie personnelle et littéraire de Aharon Appelfeld a-t-elle été soustendue par les propos de l’un de ses professeurs : « Le passé même le plus dur n’est pas une tare ou une honte mais une mine de vie. » Mon père et ma mère est un récit magnifique sur les dernières vacances, celles de l’été 1938, que le narrateur- auteur, Erwin, passe avec ses parents dans une isba, près d’une rivière, au pied des Carpates. Sa mère est tuée en 1940 lors d’un pogrom et son père est déporté. L’auteur veut par l’écriture retrouver le goût de ce dernier été, il magnifie ses parents, deux êtres très différents.Le père plutôt ermite et rigide, use de l’ironie, il n’aime pas ses voisins de vacances qu’il trouve vulgaires, mais c’est un mal pour un bien, entre Juifs, ils se comprennent et se supportent, en présence de non Juifs, ils seraient haïs. La mère est sensible, tolérante, généreuse. Le narrateur-auteur crée une atmosphère chaleureuse, harmonieuse, intellectuelle autour de lui, surtout lors des promenades familiales à cheval, sans doute est-ce par besoin d’idéaliser un dernier souvenir d’enfance.
Plénitude et inquiétude se mêlent tout au long du livre. Les vacances au bord du Pruth sont heureuses mais « le loup rôde », la menace se précise quand un groupe de paysans frappent les vacanciers et les insultent, un pogrom, mais l’auteur écrit que chez les Juifs il y a une résignation face à ce phénomène impossible à endiguer. L’inquiétude qui monte est aussi dans les rêves, dans les pressentiments, dans les rumeurs. Certains vacanciers disent être prêts à émigrer. Le jeune cocher qui reconduit Erwin et ses parents à la ville est particulièrement haineux et veut les dépouiller, c’est une scène prophétique. La question de l’identité juive traverse le livre.
Le personnage de Karl Koening, un écrivain, donne l’occasion à l’auteur de distiller ses points de vue sur ce qu’est l’acte d’écrire. C’est un esclavage, retenons que l’écriture c’est « l’intériorité de l’auteur, ses aspirations, ses rêves et aussi quelques-unes de ses peurs »
L’auteur peint avec beaucoup de finesse psychologique et d’empathie une galerie de personnages. Rosa Klein la diseuse de bonne aventure a beaucoup de succès, ce qui est paradoxal avec des Juifs bourgeois qui ont de manière générale des approches très concrètes. Il y a le Docteur Zieger dévoué à ses patients. Il y a la tante Yulia , qui lit la nuit dans son ermitage La montagne magique , il y a Gusta et son prince, il y a P. ,il y a Mimi qui parle de la terreur dans les rues de Vienne, il y a l’énigmatique homme à la jambe coupée…
Fanny Celsiana