Né d’aucune femme, Franck Bouysse, la manufacture des livres, 2018 .
Franck Bouysse né en 1965 a notamment écrit Grossir le ciel, Plateau, Glaise qui ont remporté de nombreux prix littéraires.Il vient de publier Buveurs de vent, prix Jean Giono 2020 .
Né d’aucune femme est un roman exigeant, poignant et magnifique à la fois. Franck Bouysse y excelle une fois de plus à scruter la noirceur de l’âme humaine. Des personnages maléfiques à l’extrême (nous sommes dans une fiction !), un style exceptionnel, emportent le lecteur dans une histoire à plusieurs voix, au final, lumineuse et bouleversante.
C’est un roman que l’on peut lire comme un hommage aux femmes abusivement internées il y a peut-être une centaine d’années, il dépeint diverses formes de domination et interroge sur la culpabilité. Il parle des mystères de la féminité, de la maternité, de la filiation, de ce que c’est d’être parents, grands-parents. Le personnage principal, Rose, découvre le pouvoir cathartique de l’écriture : « Je sens bien que j’ai fini de vider mon sac de mots, qu’il m’en a manqué pour vraiment dire les choses comme je les ressentais, au moment où je les ressentais. »
C’est peut-être surtout un roman sur la misére : « Cette engeance besogneuse, issue du même monde, du même sang et de la même impuissance »
A chaque page, l’on s’arrête pour réfléchir tant le texte est profond. « Les histoires qu’on raconte, celles qu’on se raconte.Les histoires sont des maisons aux murs de papier, et le loup rôde. » « Les retours ne sont jamais sereins, toujours nourris des causes du départ. Que l’on s’en aille ou que l’on revienne, de gré ou bien de force, on est lourd des deux. » écrit Franck Bouysse dans l’incipit du roman.
Et l’histoire ?
Gabriel, prédestiné par son prénom à devenir prêtre, recueille au confessionnal, d’une anonyme , une mission .Il doit s’emparer des cahiers cachés à l’asile sous la robe d’une pensionnaire mourante auprès de laquelle il sera prochainement appelé pour les derniers sacrements. Gabriel bat la campagne avec son sacristain, Charles, un jeune homme muet, orphelin, placé auparavant chez les Jésuites .Gabriel par l’intermédiaire des cahiers se trouve dépositaire du récit de la vie de Rose que le livre va dérouler. Rose est l’aînée desquatre filles d’un couple de paysans pauvres. Le père ,Onésime, répète que les filles c’est la ruine d’une maison.Quand Rose a 14 ans, son père, à l’insu de son épouse, la vend lors d’une foire, à un homme « dégoûtant » qu’elle appellera« maître » ,à qui elle devra une obéissance totale. A la demeure des Forges, Rose est le souffre-douleur du « maître » et de sa vieille mère. L’épouse du maître est souffrante depuis plusieurs semaines lui dit-on , il lui est interdit d’accéder à sa chambre. Edmond l’énigmatique palefrenier des Forges lui conseille de s’enfuir avant qu’il ne soit trop tard. Onésime tente de reprendre sa fille, cela le perdra. Rose violée de façon répétée échoue à s’évader des Forges .Avec la complicité d’Edmond, elle recourt à la mort aux rats…
Fanny Celsiana
Franck Bouysse né en 1965 a notamment écrit Grossir le ciel, Plateau, Glaise qui ont remporté de nombreux prix littéraires.Il vient de publier Buveurs de vent, prix Jean Giono 2020 .
Né d’aucune femme est un roman exigeant, poignant et magnifique à la fois. Franck Bouysse y excelle une fois de plus à scruter la noirceur de l’âme humaine. Des personnages maléfiques à l’extrême (nous sommes dans une fiction !), un style exceptionnel, emportent le lecteur dans une histoire à plusieurs voix, au final, lumineuse et bouleversante.
C’est un roman que l’on peut lire comme un hommage aux femmes abusivement internées il y a peut-être une centaine d’années, il dépeint diverses formes de domination et interroge sur la culpabilité. Il parle des mystères de la féminité, de la maternité, de la filiation, de ce que c’est d’être parents, grands-parents. Le personnage principal, Rose, découvre le pouvoir cathartique de l’écriture : « Je sens bien que j’ai fini de vider mon sac de mots, qu’il m’en a manqué pour vraiment dire les choses comme je les ressentais, au moment où je les ressentais. »
C’est peut-être surtout un roman sur la misére : « Cette engeance besogneuse, issue du même monde, du même sang et de la même impuissance »
A chaque page, l’on s’arrête pour réfléchir tant le texte est profond. « Les histoires qu’on raconte, celles qu’on se raconte.Les histoires sont des maisons aux murs de papier, et le loup rôde. » « Les retours ne sont jamais sereins, toujours nourris des causes du départ. Que l’on s’en aille ou que l’on revienne, de gré ou bien de force, on est lourd des deux. » écrit Franck Bouysse dans l’incipit du roman.
Et l’histoire ?
Gabriel, prédestiné par son prénom à devenir prêtre, recueille au confessionnal, d’une anonyme , une mission .Il doit s’emparer des cahiers cachés à l’asile sous la robe d’une pensionnaire mourante auprès de laquelle il sera prochainement appelé pour les derniers sacrements. Gabriel bat la campagne avec son sacristain, Charles, un jeune homme muet, orphelin, placé auparavant chez les Jésuites .Gabriel par l’intermédiaire des cahiers se trouve dépositaire du récit de la vie de Rose que le livre va dérouler. Rose est l’aînée desquatre filles d’un couple de paysans pauvres. Le père ,Onésime, répète que les filles c’est la ruine d’une maison.Quand Rose a 14 ans, son père, à l’insu de son épouse, la vend lors d’une foire, à un homme « dégoûtant » qu’elle appellera« maître » ,à qui elle devra une obéissance totale. A la demeure des Forges, Rose est le souffre-douleur du « maître » et de sa vieille mère. L’épouse du maître est souffrante depuis plusieurs semaines lui dit-on , il lui est interdit d’accéder à sa chambre. Edmond l’énigmatique palefrenier des Forges lui conseille de s’enfuir avant qu’il ne soit trop tard. Onésime tente de reprendre sa fille, cela le perdra. Rose violée de façon répétée échoue à s’évader des Forges .Avec la complicité d’Edmond, elle recourt à la mort aux rats…
Fanny Celsiana