NOMADE
Mon court séjour au Maroc, l’année dernière m’a fait vivre une expérience inoubliable et les beaux souvenirs de ce voyage continuent de me faire rêver. Je rêve de grands voyages dans des pays lointains. Je rêve de découvrir d’autres peuples, d’autres cultures et d’autres mœurs. Je rêve parce que les moyens financiers limités de ma vie d’étudiante ne me permettent pas de partir loin. Je ne crains pas la mort mais tout ce qui se passe autour de moi ; la maladie, la violence, les menaces de guerre…tout cela me donne le sentiment que la vie est bien éphémère et qu’il faut que cette vie soit bien remplie.
Or, le hasard fait bien les choses. Il y a quelque temps, dans un magasin, j’ai croisé un ami vietnamien que j’avais perdu de vue depuis belle lurette. Il m’a dit qu’il allait rentrer au Vietnam l’été pour voir sa famille et m’a invitée à venir dans son pays. Ses parents hébergeraient avec joie l’amie de leur fils, il en était sûr. Il me ferait découvrir son Viêtnam ; la vie quotidienne des Vietnamiens et les endroits hors des sentiers battus, bien loin des parcours touristiques empruntés par les agences de voyages.J’ai pu acheter un billet d’avion très économique.
Les parents de mon ami habitent dans un quartier populaire de Saigon. Au début de mon séjour, j’ai visité le centre-ville pour avoir un aperçu global des lieux. La cathédrale Notre- Dame, la Poste centrale, l’Opéra et les Hôtels comme le Continental et le Majestic sont des vestiges de l’architecture coloniale française.
La gentillesse, la politesse et le respect qu’ont les Saïgonnais pour les personnes âgées m’ont surpris. Lors d’une représentation théâtrale, en attendant dans le hall que la pièce commence, trois garçons qui se trouvaient en face de moi se sont levés simultanément pour céder leur place à une vieille dame. Et lorsque le rideau est tombé à la fin de la pièce, des spectateurs heureux, les bras chargés de fleurs ou de paniers de fruits, sont montés sur scène pour les offrir aux comédiens. Il suffit de très peu de chose pour rendre les Saïgonnais heureux. Ces images m’ont fortement émue.
Je ne connaissais le Vietnam qu’à travers son histoire douloureuse jalonnée de guerres. J’ai découvert maintenant un peuple chaleureux, courageux, spontané et plein de joie de vivre. De plus, par-delà lapauvreté, il y a une solidarité étonnante entre les gens ayant connu la souffrance et la misère. Je revois encore cette jeune fille devant une supérette dont j’avais deviné qu’elle était la fille ou la nièce du patron. Elle a offert deux sachets de nouilles et quelques billets à une vieille mendiante. Elle lui a dit d’une voix douce ces mots que mon ami m’a traduits : « Tenez, grand-mère, je vous les offre !»
Dans l’avion du retour à Paris, mon cœur était rempli d’émotions et dans ma tête grouillaient mille images.
Ce voyage au Vietnam, un pays dont le redressement économique est remarquable, alors que la majorité du peuple est pauvre mais tellement heureuse de vivre, m’a donné une grande leçon d’humilité.
Thuy Tien
2010