KIKI
KIKI avait des yeux doux, aussi naïfs que des yeux de biche ( nai vàng ngơ ngác). Son regard pétillant, mouillé de larmes, semblait exprimer des sentiments profonds qui ne pouvaient pas laisser insensible .
Nous l’avions eu un après -midi de fin de semaine. Anh Ba rentra de chez mon oncle, portant dans ses bras Kiki. Nous trois, Anh Hai, ma sœur cadette et moi, étions sortis, laissant éclater notre joie en découvrant l'animal. Anh Ba posa KIKI à terre, ses yeux brillaient de contentement, d’espoir, sa petite queue remuait sans cesse pour saluer ses petits maîtres. KIKI s'approchait, nous léchait les mains pour montrer sa satisfaction.
Chacun de nous caressait ses poils blancs, tout doux.
- Anh Ba, où as-tu trouvé ce chien ?
- Comme il est mignon !
Ma sœur et moi posions plein de questions. Mais Anh Hai nous ramena à la réalité :
- Il faut demander la permission à Ngoai de garder Kiki.
- A qui est ce chien ?
- Un ami dont la chienne venait de mettre bas me l’a donné. Sa mère voulait se débarrasser de quelques chiots. Il m’a demandé si je voulais enavoir un. Dès que j’ai vu KIKI, j'ai craqué et je l’ai pris tout de suite. Je ne pouvais pas le laisserplus longtemps chez Cậu Năm (oncle Năm ) ,Mợ năm disait que la maison est trop petite, qu'ils n’avaient pas assez de nourriture pour les enfants, elle ne voyait donc pas comment nourrir en plus un chien. Alors, nous devons supplier Ngoại.
- Qui peut le faire ?
Nous nous regardâmes. A la maison, Bà Ngoại était le chef. Nous quatre avions peur que Ngoại soit du même avis que Mợ Năm, qu'elle dise que la maison était trop petite. Malgré ce raisonnement sévère mais réaliste, Anh Ba prit la parole :
- C’est moi qui ai emmené KIKI à la maison, je vais donc me charger de cette mission. Nous prendrons la responsabilité de pourvoir à la nourriture de KIKI. Si c’est nécessaire, nous luidonnerons notre part de repas, qu’en penses-tu anh Hai ?
- C’est juste ! On va manger un peu moins pour laisser une part à KIKI.
- Pourquoi as-tu choisi de l'appeler KIKI ?
- Quand j’ai vu le chiot, je lui ai trouvé une ressemblance avec un chien nommé KIKI dans un dessin animé, alors je lui ai donné ce nom.
Quand il entendait «kiki » il réagissait tout de suite.
- Tú, tu viens de rentrer à la maison, pourquoi ne donnes-tu pas ton cartable et ton linge sale à chị Út pour qu'il soit lavé et que tu aies du linge propre pour retourner chez Cậu Năm dimanche ? dit Ngoại qui était dans la maison. Nous avions déménagé en milieu d’année scolaire si bien que Tú, anh Ba, ne pouvait pas fréquenter l’école proche de notre nouvelle maison . Pour poursuivre l’année à l’école Bàn Cờ près de chez Cậu Năm, il était hébergé chez Cau Nam et il serait inscrit à l’école Tân Định à la rentrée.
- - Oui, ngoại !
La queue de KIKI remuait sans cesse. Nous tournâmes la tête, Ngoại était à la porte. Nous ne savions pas comment réagir, KIKI regardait Ngoại comme s'il la suppliait. De temps en temps, il baissait la tête, puis la relevait et regardait tristement Grand-Mère.
- A qui est ce chien ? demanda Ngoại d'un ton sévère.
- Oui, Ngoại ! Un ami me l'a donné dit Ann.
- Nous permets-tu de garder ce chien ?
- Nous promettons que KIKI ne salira pas la maison.
- Nous laisserons notre part de nourriture à KIKI.
Nous parlions sans cesse comme pour lutter pour la survie de KIKI. KIKI nous aidait par ses regards suppliants et sympathiques.
- Nous avons cinq, six bouches à nourrir et nous n’avons pas assez de place pour nous tous, oùpeut- on en trouver pour un chien ou un chat ?
Nous partagerons nos plats. KIKI est un petit chien, il ne prend pas de place.
KIKI s’approchait de Ngoại, continuait à la regarder avec ses yeux doux. Peut-être Ngoại était-elle touchée, elle nous dit :
- Bon, si vous promettez que ce chien ne salira pas la maison, ne fera pas de bêtises c'est d'accord. Sinon je le jetterai dehors.
- Oui, Ngoại, nous nous occuperons de lui à tour de rôle, ne te fais pas de soucis. KIKI est gentil, tu nous permets de le garder ?
- Huh ! Bon. Si vous vous ne vous occupez pas de la propreté de la maison, je ne serai pas contente. Alors, Tuấn, Tú, allez prendre une douche. Et Dung et Hạnh, courez faire vos devoirs et tout à l’heure, Anh Hai les vérifiera.
Nous échangeâmes des regards de satisfaction. KIKI nous regardait affectueusement, remuait la queue de joie. Nous l’embrassions. Anh Ba le porta dans la maison. KIKI regardait partout, il courait vers le bas de l’escalier, où Ngoai laissait ses pantoufles avant de monter dans sa chambre. Kiki se couchait sur le sol de ciment frais.Il se serrait pour voir Bà Ngoại monter et la regardait comme pour la remercier.
A partir de ce jour-là, KIKI gagna le cœur de toutela maisonnée, surtout celui de Ngoại. Quand nous étions à l’école, KIKI connaissait son sort, il prenait une tout petite place au pied de l’escalier et il regardait Ngoại en bougeant la queue.Le chiengrandit en même temps que nous. Le temps s’écoulait, nous étions de plus en plus attachés àl’animal.
Chaque fois que KIKI était malade, Bà Ngoại, s’occupait avec soin de lui pendant que nous étions à l’école. Elle lui donnait de bons petits plats et ses médicaments.
Un jour, alors que nous avions laissé comme d’habitude KIKI dehors pour ses nécessités, une voiture de « voleurs de chiens » passa tout à coupdevant chez nous. KIKI était en train de s’amuser avec les petits chiens japonais. Un passager de lavoiture jeta une corde autour du cou de KIKI, le chien se débattit désespérément mais finalement il fut enlevé et mis dans la voiture.
Le véhicule continuait à rouler. KIKI nous regardait courir après la voiture en criant pitoyablement.
En rentrant à la maison, fatigués, nous pleurions. Ngoại était très triste :
- Bon, je m’occupe de cette affaire!
Ngoâi demanda à chị út d'aller chez Ông Năm, son petit frère, une personne qui avait le bras long . Ông Nam prit contact avec l’agence qui enlevait des chiens. Pendant la longue attente, je vis Ngoại s’asseoir sur le divan et pousser des soupirs. Nous devions aller à l’école mais nous nous ne pouvions pas ne pas nous inquiéter. Dès notre retour à la maison :
- Ngoại ! est-ce que KIKI est libéré ?
- Pas encore, il faut attendre mais surtout il faut verser de l’argent pour qu’il sorte. Mais votre mère n’a pas encore touché son salaire, je ne sais pas comment faire.
- Ngoại, il faut tout tenter pour reprendre KIKI, si non ils vont le manger.
- Je me fais tellement de souci pour ce pauvre KIKI, innocent, pourquoi l’ont-ils enlevé? Les « attrapeurs de chiens » sont bien cruels, ils agissent ainsi sous prétexte d' arrêter les chiens errants de peur qu’ils ne soient enragés , en réalité ils veulent se faire de l’argent, ou mangerla viande de l’animal. Vont-ils aller en enfer ? je l’espère.
Maintenant, on était sûr que Grand-Mère aimait KIKI. L’absence du chien attristait tout le monde. Pour le sauver, il fallait avoir de l’argent. Je savais Ngoại très inquiéte. A tout prix, on devait reprendre KIKI.
- Ngoại ! Dis à maman de ne pas nous donner d’argent de poche ce mois-ci.
- Arrêtez, laissez-moi régler le problème.
Une journée s’était écoulée. Ngoại était assise, le chapelet à la main. Chaque fois que Ngoại avait des soucis, les prières étaient l’une de ses armes. Cette image était gravée dans ma mémoire, moi-même, je l’imitais, je priais, le chapelet à la main,quand j’avais des obstacles à surmonter.La foi nous donne la force de surmonter les périodes difficiles. Les prières, l’image de ce chapelet me poursuivraient tout au long de ma vie !
Nous étions très abattus. Enfin nous décidâmes de parler à Ngoai, nous allions économiser notre argent de poche et casser notre tirelire pour participer à la libération de Kiki.
Un jour, j’approchais timidement du lit de Grand-Mère, elle faisait la sieste, les yeux mi-clos, le chapelet à la main. Je caressais sa main et lui dis :
- Ngoại ! Nous avons une idée, qu’est-ce que tu en penses ?
- C’est au sujet de Kiki ? Elle ouvrit à moitié les yeux.
- Oui.
- Nous voulons participer pour libérer Kiki.
Anh Hai commença la conversation.
- J’ai un peu d’argent dans ma tirelire. Je vais la casser pour te donner l’argent.
- Ne te fais pas trop de soucis, sinon tu peux terendre malade.
Chacun de nous parla. Elle se leva, le chapelet à la main :
- Ne vous inquiétez pas. Ngoại a demandé à ông Cậu Năm (le grand Oncle) d'intervenir, ce n’est pas trop tard , Kiki rentrera demain. Cậu Năm ira le chercher. Priez avec moi !
Nous étions un peu soulagés, et le soir, après le dîner et après les devoirs, nous nous réunîmes devant l’autel pour prier avec Ngoại.
Le lendemain, au retour de l’école, nous retrouvâmesavec joie Kiki qui jappait bruyamment. Sa queue bougeait, ses regards étaient doux.Il nous léchait les mains, puis venait auprès de Ngoại, se frottait contre son dos en la regardant avec reconnaissance. Quand Maman rentra du travail, Kiki courut vers elle, secoua la queue pour l’accueillir . A tour de rôle, nous serrions le chien dans nos bras. Kiki était notre ami et notre petit frère. Maman avait apporté un paquet de bœuf pour que Kiki mange à sa faim, lui qui avait été enfermé dans une cage.
- Tuấn, donne une douche à Kiki pour qu’il soit propre. Passe le paquet de viande à chị Út pour qu’elle le prépare, dit Maman à anh Hai.
- Oui Maman !
A partir de ce jour-là, Kiki mangea de bons plats,quand il était dehors, nous le surveillions. Kiki continuait de s’allonger au pied de l’escalier et regardait Ngoại, il se frottait contre elle pour minauder. Ngoại était une personne qui ne montrait pas facilement ses sentiments mais petit à petit elle devint plus douce envers Kiki.
Kiki grandit dans l’amour de ma famille. Le tempss’écoulait, l’animal allait avoir dix ans, sa vue se troublait, il courait moins vite. Après une sortie, il respirait difficilement, il se sentait fatigué. Chaque fois, il regardait Ngoại tristement et il poussait un petit cri :
- Huh… ! Huh… !
- Mon pauvre enfant. Ngoại le regardait tristement, pleine de compassion pour sa vieillesse. Un jourde juillet, en pleine chaleur, Kiki respirait avec difficulté. Ngoại ouvrit la porte pour qu’il sorte pendant que nous étions à l’école.
- Bà Hai ! Bà Hai ! dit au portail, Chú Bảy, le cordonnier du bout de la ruelle. Il habitait très loin en banlieue, Maman lui permettait de laisser sa valise d'outils chez nous. IL sonna,sonna. Ngoại sortit :
- Qu’y a-t-il Bảy ?
- Oui bà Hai, Kiki a été rattrapé par la voiture « voleuse des chiens ». J’ai couru derrière pour leur expliquer qu’il n’est pas un chien errant, mais la voiture roulait trop vite. Peut-être ne veulent-ils pas entendre.
Le soir, nous ne vîmes pas Kiki nous accueillir à la porte comme d’habitude, en plus Maman et Ngoại étaient tristes, nous devinâmes qu’il y avait un problème. Ngoại avait le chapelet à la main.
- Cette fois- ci, je ne sais pas si on pourra ramenerKiki à la maison. Ces voleurs de chiens sont des gens cruels qui aiment réellement consommer la chair des chiens !
Ngoại et Maman étaient prêtes à payer pour que Kiki rentre mais elles restèrent sans nouvelles. Ngoại avait demandé aux personnalités d' intervenir mais cette fois,ce fut un échec. Depuis ce jour-là, ngoại était très triste, chaque fois, qu' elle prenait l’escalier pour aller dans sa chambre. Malgré tout Ngoại nous dit : « les retrouvailles et les séparations sont naturelles dans la vie ». Néanmoins, que Kiki nous ait quittés de cette façon, ce n’était pas juste ! Qu’a-t-il fait Kiki pour être volé ainsi ?
Cette fois, les prières sincères de Ngoại n’arrivèrentpas à Dieu. Parfois nos prières n’étaient pas exaucées mais nous devions garder la foi. Par la suite, nous ne voulûmes pas avoir un deuxième chien parce que l’image de notre Kiki restait gravée dans nos cœurs.
Ecrit par Diễm Đào
Co-Traductrices
Fanny Celsiana et Diem Dao