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DIEMDAO
Paul
Les fêtes de fin d’année passées, avant de repartir vers la ville, Paul lui jeta un dernier regard. Elle paraissait le narguer.
Depuis qu’elle était devenue sienne, elle était en pleine lumière et cela semblait lui plaire. Elle trônait au milieu du salon d’un blanc immaculé et prenait toute sa place à la lueur du jour, face aux flots, dans la maison-paquebot.Pendant des lustres, elle avait patienté dans l'ombre, elle,postée sur un sol en terre battue, en compagnie d’un fatras de linge, vaisselle, café, rares photos. Mais elle n'était pas la reine, elle n'avait ni épargne, ni dentelles, ni médailles militaires. A peine l'apercevait-on figée à l'entrée de la modeste demeure aux murs chaulés grisés par la fumée.
Elle était passée des mains de Pierre et Janne à celles de Paul. Elle avait sauté la génération du formica. Elle était devenue beaucoup plus ordonnée et plus savante. Les sociologues que Paul vénéraient auraient pu dire d’elle qu’elle était un transfuge. L’armoire évoquait à Paul des souvenirs si lointains. Janne et Pierre se rencontrèrent dans l’entre deux guerres. Il aimait à s’imaginer leurs parcimonieuses mais utiles conversations de couple solide,Janne était si taciturne, toujours de noir vêtue, ne portant coiffe blanche que pour ses rares sorties.
Ordonnée et savante, l'armoire l'était. Paul avait orchestré subtilement son organisation. Aux livres, les beaux livres, les livres reliés, le Robert, les oeuvres complètes de Maupassant, les étagères supérieures, visibles de tous. Il y avait aussi des récits de voyages et une précieuse édition du Grand Meaulnes. Longtemps, Paul avait cru que sa vie serait pareille à celle d’Augustin. Sa tête alors était pleine de rêves d’aventures. Sa vie n’aurait-elle été que livresque ?Aux étagères intermédiaires, les arts de la table, le cristal et la porcelaine. En bas de l’armoire, dissimulés derrière les panneaux en châtaignier, les alcools et gourmandises.
Paul était gangréné par l'amertume et la nostalgie.Il était loin le temps où tous, captifs de ses sourires, l’appelaient affectueusement « Bébé Paul » ; il était loin le temps où excellent cavalier, il passait des journées à explorer les chemins creux et les rivages, faisait des haltes et esquissait des croquis.
Collégien, Il monta une petite troupe qui se produisait aux occasions familiales. Paul avait commencé par les marionnettes à fil puis il s’était mis à écrire de courtes pièces , sa sœur faisait office de costumière et de décoratrice , les amateurs connaissaient le succés dans les salles communales .Toujours jovial, de silhouette élégante , Paul comptait la durée des applaudissements, rejoignait les coulisses en virevoltant. Une éloquence impressionnante, une imagination très féconde . Ses parents ressentaient une fierté inquiète devant tant d’extravagance.
Du jour au lendemain, Il interrompit ses études de géographie pour partir sur les traces de Guillaume Lejean . D'abord les Balkans. Il aimait à se mêler aux foules bigarrées des marchés orientaux . Inlassable voyageur à bord de bus bondés, il s'attarda aux joyaux :Prizren, Plovdiv, la Thrace, Tirana.Photos, enquêtes, textes.Un magazine accepta de publier son article sur le patrimoine religieux de l’Albanie.Il allait devenir un grand reporter pensa-t-il. Mais Il n’essuya que des refus par la suite.Il appelait épisodiquement sa sœur pour passer en revue les évènements ;un soir elle lui dit : « je t'épargnerai le récit des épousailles de Clémence à moins que ». Sidéré, il raccrocha ;Cette nouvelle l'anéantit; il se sentit trahi, sa blessure se rouvrit . il ne cessait de se demander pourquoi sa sœur avait employé un terme aussi désuet qu’épousailles ; était-ce par ironie ?Sa sœur n’usait pas de ce registre habituellement ;avait-elle voulu dire que Clémence avait fait un grand mariage conforme à son milieu, elle si critique autrefois ?
Alors sa soif d'exotisme décupla ,il décida de partir vers l' Egypte et le Soudan déterminé à goûter pleinement à cette liberté qui lui rappelait ses jeunes années. Il remonta plusieurs fois aux sources du Nil et il confrontait ses observations à celles de Lejean. Il aimait découvrir, rencontrer , se souciait peu de son gîte et son couvert. Ce fut sa vie pendant des années. il donnait des cours périodiquement à l’Alliance française et avait plaisir à partager son goût pour la langue française, les poètes du 19 éme siècle et ses écrivains préférés.Il fit ainsi connaissance de familles soudanaises et quand la solitude lui pesait il se fondait dans ce réseau de relations. Il consacrait beaucoup de temps à la mise en forme de ses notes et à l'exploration du désert.
Mais la déception commença à poindre quand il ne trouva aucun éditeur pour son projet d'ouvrage sur la Nubie qu'il avait cru original .Il connaissait si bien le désert. Une réponse sans appel : « votre travail ne correspond pas à la demande de nos lecteurs du 21éme siècle , les blogs et les forums sont leurs sources d’information et de partage » .Il se lassa de faire le guide touristique pour des voyageurs pressés et superficiels .Le soleil l’accablait,la chaleur était suffocante la palette de jaune d’ocre de vert et de gris manquait de contraste.Un désir d’embruns et de fraîcheur de plus en plus pressant. Paul se sent prêt à revenir dans son pays,il postule en ligne pour un poste au siège d’un grand groupe, son parcours atypique retient l’attention et il décide de se rendre à l’entretien programmé.
A son retour , son histoire n'intéressa personne.Il était parti depuis 10 ans déjà et n’était revenu que lors de la disparition brutale et prématurée de ses parents. Ses amis d'autrefois travaillaient dans le digital , étaient accaparés par les soubresauts de la vie quotidienne et par les troubles qui agitaient régulièrement le pays.Paul avait dû renoncer à sa grandeur de globe trotter, il n'avait plus de poids sur les choses.Il avait pu s’employer mais sans diplôme ,en tant qu’assistant de direction.Gestion des agendas , occupation fort monotone.Il fut assailli par les souvenirs.Il avait le sentiment d’être dans une terre qui lui était devenue étrangère , pleine de carcans où la solidarité n'avait plus cours.Il s'ennuyait .Même le cheval ne l’intéressait plus.il faisait semblant, semblant d’avoir une vie sociale.La blessure était toujours là.Quand il séjournait dans sa maison,Il méditait longuement sur les rochers face à la mer tranquille et belle; lui revenaient ses longues conversations avec Clémence leurs promenades, leurs rêves aussi,leur complicité .Son sourire et sa chevelure parfois l’éclairaient. Mais ce n’était qu’un songe.Il avait rapporté de ses années d’exploration une multitude de carnets mais il ne trouvait pas la force de les mettre en ordre, toute tentative lui paraissait vaine.Il griffonnait sans cesse des vers de Lamartine dont Lejean avait été secrétaire. Etait-ce sa longue expérience du silence et de la solitude dans le désert qui l’avait à ce point transformé Etait-ce l’Absence ?Etait-ce autre chose ? Il était devenu avare de mots ce qui compliquait ses relations avec sa sœur qui le trouvait d'un romantisme d'une autre époque, il ne pouvait pas continuer à vivre dans la nostalgie lui répétait-elle .
Cette armoire vitrée, aux lignes épurées, à la mise en scène soignée, ne lui renvoyait-elle pas l’image de sa vie ?
L’armoire était d’un autre temps mais elle avait bien vieilli. Sa patine faisait l’admiration de tous.
Paul oscillait entre l’éphémère qui régentait sa vie dans une métropole hétéroclite et l’immuable qui imprégnait cette maison.L'armoire inscrivait Paul dans une longue filiation mais il n’avait plus d’attache, c'était paradoxal.
De plus en plus souvent dans la grisaille lui reviennent l’image de la piste du désert de Nubie qu’il a tant sillonné,ses rencontres avec des caravane, l'infini , la beauté des femmes ,les mélopées que chantaient dans l’oasis de Salima, les mères à leurs enfants . C’était pour lui comme le chant des sirènes.
Fanny Celsiana
Françoise J. 2019

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